top of page

Rencontre avec deux volontaires


Maxime et Valentine à Dakar.

Valentine et Maxime sont deux étudiants de 22 ans en Global BBA (4ème année de Bachelor). Grâce à leur parcours au sein de Neoma BS, ils ont eu l'occasion de découvrir de nombreux pays : échange académique de 10 mois en Chine durant leur 2ème année puis stage de 6 mois à Londres pour Maxime et à New-York pour Valentine l'an dernier.



Ils ont tous deux effectué leur mission humanitaire au Sénégal en 2018. Nous leur avons alors posé quelques questions afin qu'ils nous en disent un peu plus sur cette expérience inoubliable.



  • Pourquoi avoir choisi de rejoindre ESC Sans Frontières ?

Une volontaire d'ESC SF au Sénégal.


Valentine : J’avais cette volonté de m’investir dans l’humanitaire sur mon temps libre. En tant que Bachelor, intégrer une association est plus compliqué qu’en suivant le Programme Grande Ecole. ESC SF était vraiment la seule association dans laquelle je voulais m’investir. La solidarité et l’aide humanitaire sont des valeurs que ma famille m'a transmises. J’ai par exemple aidé mes parents à réaliser une mission au Bénin.





  • Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste la mission ESC SF au Sénégal ?

Valentine et Maxime : La mission se prépare énormément en amont car on a besoin de prendre contact avec les interlocuteurs mais c’est en arrivant au pays qu’on prend conscience de l’ampleur de la mission. L’objectif de la mission depuis 25 ans est de donner aux enfants de la brousse (région très enclavée) un accès à des fournitures scolaires à des prix symboliques car elles y sont généralement très onéreuses. En fait, le fait de demander une petite somme d'argent donne de la valeur à ce qu'ils acquièrent.


L’éducation est très importante au Sénégal et les enfants ont un réel besoin d'accès aux fournitures scolaires. A titre d’exemple, le niveau du Baccalauréat y est beaucoup plus élevé qu’en France.


La mission se déroule en 2 parties :


1. La brousse

En brousse, on rencontre les enfants et les populations que l'on aide.

Cette étape dure dix jours. A partir de Dakar, on commence par faire 17h de route pour arriver dans la région de Kédougou. Là, on se sépare en petits groupes dans les villes de brousse. On se rend dans les boutiques (qui se situent souvent dans un local attenant à l’école) et on y constate les stocks tout en prévoyant pour l’année suivante avec le gestionnaire (qui est souvent un professeur aussi).




2. Le démarchage

S'ensuivent un mois et demi de démarchage à Dakar. A ce stade de la mission, on sait pour qui et pour quelle raison on démarche, ça motive énormément. Le but du démarchage est de gagner de l’argent pour produire les fournitures. L’entreprise qui les fait est consciente qu’on est une association humanitaire, elle prend donc en compte ce critère au moment d'évaluer les prix.



En fait, on retourne démarcher les entreprises qui donnent annuellement et on en démarche de nouvelles, tout en créant des contacts. Les entreprises qui donnent ont aussi à y gagner. Par exemple, Air France Sénégal a vu son logo apposé sur la couverture des cahiers en nous faisant un don. Cela permet à l'entreprise d'avoir de la visibilité également.


ESC SF essaie de sensibiliser les gens et d’avoir de la visibilité sur place. Certaines années, on obtient des interviews dans les médias, à la télévision sénégalaise. Il est possible d’intervenir dans des universités. L’an dernier, on a rencontré la bonne personne qui nous a permis de participer à deux soirées avec le club des Rotary. Ce fut l’un de nos principaux dons. On a aussi été invité à une soirée avec le « cercle des Français de l’étranger » afin que les membres d’ESC SF puissent parler de leur mission.


Chaque année, environ 30 000 enfants sont aidés grâce à ce long travail de démarchage et d'audit en brousse!

  • Y-a-t-il une journée type ? Si oui, comment se déroule-t-elle ?

Photographie prise à Dakar.

V et M : Il n’y a pas forcément de journée type, certains jours, on a des rendez-vous puis on enchaîne en démarchant d’autres entreprises dans la même zone. D’autres jours, nous n’avons aucun rendez-vous de prévu alors on part démarcher toute la journée. En une journée, on peut recevoir quatre dons comme aucun, c'est très aléatoire. Il y a aussi des demi-journées où l’on reste au centre pour faire des mails et passer des coups de téléphone.


  • Y-a-t-il un moment que vous gardez particulièrement en mémoire ? Si oui, lequel ?





V et M : L’accueil que les écoles nous réservent. Enfants comme enseignants savent qui nous sommes parce qu’ESC SF vient depuis des années alors ils nous préparent un accueil plus que chaleureux. On se rend alors compte qu’il y a un véritable impact à réaliser cette mission. Et les gens sont si reconnaissants, c’est vraiment touchant.







  • Avez-vous une anecdote à nous partager ?

V et M : On partage vraiment des moments forts entre nous durant la mission. Un des premiers temps forts qu’on a vécu a eu lieu sur le chemin pour arriver en brousse. Pour s’y rendre, on passe 17 heures dans un véhicule dont 2h plus difficiles : il y a du sable, des trous qui font parfois jusqu'à un mètre. On passe du goudron aux chemins en très peu de temps. On est obligé de se couvrir le corps et le visage à l’aide de foulards car il y a de la poussière partout et pas de fenêtre au véhicule. Il y a de grosses secousses.


Nous étions à mi-chemin d'une route sans fin, il faisait déjà 10 ou 15 degrés de plus qu’à Dakar. Tout à coup, notre guide s’arrête pour un problème d’essence. Un homme passe en scooter, lui parle, puis ils partent tous les deux sur le scooter sans rien dire à personne nous laissant en plein soleil. Nous sommes restés trente minutes à attendre le retour de notre guide parti récupérer de l'essence sans réellement savoir s’il allait revenir.


Photographie prise en brousse.

Un second moment fort eut lieu à notre arrivée en brousse. Nous nous sommes arrêtés pour manger près d’un village. Les enfants nous ont vu arriver et sont venus nous demander à manger. Ce fut vraiment un moment difficile. On a fini par donner la moitié d’une pastèque aux enfants parce qu’ils nous regardaient manger et que c’était une terrible sensation. Mais, cet acte était une erreur de notre part car les grands ont tout pris et les petits n’ont rien pu ramener. En fait, donner de la nourriture ou tout autre objet matériel crée de la jalousie et des tensions au sein de la population, il ne faut donc pas le faire.


  • Que retenez-vous de ces deux mois d’expérience ? Comment cette expérience vous a-t-elle fait évoluer personnellement ?

V et M : Ce fut une expérience humaine unique, on en garde des souvenirs inoubliables, des rencontres formidables et marquantes, même les personnes qu’on croise pour faire nos courses nous restent en mémoire.


Le choc de culture est tel qu'il n’y a pas de mots pour le décrire. Le fait de s’installer à un endroit si différent de la France pendant un mois et demi nous fait changer de regard sur la vie et sur ce qui nous entoure. On se rend compte de la chance qu’on a d’avoir de l’eau qui sort du robinet.


Le fait d’être en groupe sur place est une force et aide énormément. Il est nécessaire de parler entre nous. Il ne faut pas garder des choses dures pour soi, il faut oser en parler afin de bien vivre sa mission.

Photographie prise en brousse.
  • Quels conseils donneriez-vous à une personne qui souhaiterait faire ce genre de mission ?

V et M : Il faut toujours communiquer, échanger sur son expérience au sein du groupe, en parler en rentrant en France, rester soudés, grandir, prendre conscience que nos problèmes sont des futilités quand la préoccupation des personnes de ces pays est d’avoir de l’eau. Il faut vivre l’expérience à fond, essayer de s’adapter au maximum sur place, essayer de rentrer dans les coutumes, dans la culture du pays, essayer de comprendre la population et son mode de vie afin de vivre pleinement sa mission. Il faut s’impliquer comme-ci ce qu’on gagnait était pour nous parce que l'expérience humaine est plus qu'enrichissante.


  • Projetez-vous de vous engager dans une nouvelle mission ?

V et M : L’un comme l’autre, nous n’avons pas encore en tête une destination mais nous repartirons, ensemble ou pas d’ailleurs. Un petit conseil qu’on donnerait est de faire une première mission à un jeune âge car ça change vraiment sa façon de voir les choses, ça permet de relativiser énormément. Il est important de se rendre compte rapidement que des gens qui ne sont pas si loin ont une vie si différente. Il faut éduquer ses enfants dans ce sens et leur conseiller de s’imprégner des cultures locales lorsqu’ils voyagent.


  • Un petit mot de fin ?

Faire une mission est une très bonne expérience que l’on recommande forcément à tous. Il faut partir en voyage en immersion, avec les locaux, même si ce n’est pas à l’autre bout du monde. À Dakar, on était en contact avec les locaux au quotidien, on démarchait dans des coins reculés et c'est réellement ça le plus fort.


Photographie prise à Dakar.


bottom of page